LIVRE Soldats cibles
Ma mission d’interprète allait commencer. J’attendais mes ordres dans la salle de télévision du poste de commandement.
Il s’approcha de moi, retira son velcro de patronyme de sa poitrine, coupa la lettre qui concernait son prénom, retira le mien et y plaça le sien tout en me disant :
– Maintenant tu t’appelleras MARTIN. Ne te reste plus qu’à t’inventer une histoire sur tes origines.
L’histoire de l’engagement volontaire d’un militaire français originaire de l’ex-Yougoslavie ; des souvenirs vécus où il devra changer son nom, afin de cacher ses véritables origines. La vision du malheur d’autrui lui fera changer sa conception sur la vie humaine.
Le risque d’y perdre la vie ne lui traversera l’esprit que le jour où on va lui appuyer le canon d’une kalachnikov sur le ventre, durant une mission de sécurisation de passage d’un politicien Français, venu se rendre compte de la situation sur le terrain hostile des Balkans.
Martin l’interprète y verra le jour à l’âge de 20 ans.
Bosnie, en 1995 et 1996, deux missions sur une terre détruite par une guerre de religions et de territoires, dans le but de déstabiliser une entente entre les peuples yougoslaves qui, au plus bas niveau de l’échelle humaine, ne s’attendaient pas à cette déferlante de haine en vue de rétablir les frontières d’antan, reconquises au fil des siècles dans le sang.
Une réalité de guerre à supporter et à constater, avec l’obligation d’aider un peuple déchiré par ses différences, une vie en communauté au sein d’une Yougoslavie fabriquée, dirigée par des nationalistes fous à lier se basant sur les exactions du passé pour réveiller les peurs de l’homme et le pousser à détruire une entente positive, afin de profiter du chaos pour s’approprier le pouvoir de décision.
Serbes, Croates, Musulmans vivaient ensemble sur une même terre. Aucune distinction extérieure ne pouvait les différencier, une mixité des peuples unique au monde, un mélange culturel positivant les mariages mixtes sous le couvert d’une nationalité unique, « Yougoslave », pour cacher des origines différentes, mais en constant désaccord.
La guerre des Balkans, l’excuse d’un conflit de religion satisfaisant les ambitions politiques des dirigeants nationalistes serbes, croates et musulmans, voulant s’approprier le pouvoir et le contrôle total des terres de Yougoslavie.
Une population multiethnique, effrayée par les mensonges et les propagandes de leur gouvernement respectif pour les obliger à prendre les armes, une spirale de violence et de destruction que les forces de l’ONU constataient sans pouvoir réagir. Ayant les mains liées militairement, ils ne devaient qu’observer et rendre compte, s’interposer n’étant pas la mission principale.
Les prises de partie pour l’un ou l’autre des belligérants étaient réelles, mais non prouvées.
La Communauté internationale, elle-même, ne pouvait comprendre la mentalité destructrice des peuples slaves.
Martin est parti en Bosnie pour comprendre pourquoi son peuple d’origine se déchirait.
Avec la collaboration photographique des anciens de yougo qui en sont revenus, et qui ont comblé le chapitre des anciens, ainsi que le chapitre de la parole des anciens.
AVEC UN HOMMAGE AUX 112 QUI N’EN SONT PAS REVENUS ( liste officielle en dernier chapitre )